Une Ambassade Francaise Hu en 1874

"L'Ambassade se compose de 6 "envoy�s", et d'une escorte de 10 matelots et de 25 soldats d'Infanterie de Marine.
Le 4 avril 1875, les croiseurs le Duchaffaut et l'Antilope (dessin) embarquaient � Saigon la mission diplomatique. Peu de jours apr�s, ces deux vapeurs mouillaient dans la belle rade de Tourane, aujourd'hui presque d�serte car on n'y compte gu�re que deux ou trois navires d�labr�s � l'ancre dans une crique de la rade, et qui repr�sentent la majeure partie de la flotte de guerre actuelle des annamites"

Porte de la citadelle de Hu�.

Au milieu d'une grande cour, s'�levent les autres logements pr�par�s pour la mission.[...]Plus loin, dans la cour, d'autres maisons abritent l'escorte, et m�me un petit th�atre, grand comme la main, servira aux repr�sentations de quelque pi�ce du r�pertoire classique.

Mirador ou poste de vigie, au bord de la rivi�re de Hu�

La ville commerciale de Hu� est distincte de la ville officielle ou l'enceinte fortifi�e; La ville n'est reli�e � la citadelle que par des ponts de bois faciles � couper. Une ou deux tr�s longues rues, tr�s mal entretenues, forment � peu pr�s tout le village.

Le soir m�me commence les visites officielles. Dans ces entrevues, tout mandarin se fait porter en hamac et suivre d'une escorte, sans oublier le parasol toujours d�ploy� au dessus de la t�te du dignitaire.[...] En t�te de cort�ge, un courreur �carte les passants � coups de rotin et, par derri�re, un groupe de suivants portent les objets indispensables � tout Annamite ais� : la pipe incrust�e, la boite � b�t�l, du papier, l'�critoire, le service � th�. Si le chef est militaire, il se fait pr�c�der, en outre, de son sabre au fourreau de bois incrust� de nacre."

Plan de r�ception de l'Ambassade fran�aise (14 avril 1874).

"Le grand costume de mandarin ne se porte que dans des circonstances solennelles.
Pour les 4 premiers des neuf grades de la hi�rarchie, c'est une grande robe � vastes manches, en soie brod�e d'animaux et de dessins fantastiques de toutes couleurs. Dans la robe des civils, se trouvent le dragon, la grue, la tortue. Pour les militaires, c'est le tigre qui �tale surtout sa figure farouche. Toutes ces �toffes sont faites en Chine. [...] Sur la coiffure, s'�talent deux ailettes �troites et longues d'un pied. Elles sont en gaze, brod�es de fils d'or, et ressemblent assez aux ailes l�g�res des libellules. [...]

"Dans les 5 derniers rangs des mandarins, le costume est en soie noire mate. Sur la poitrine, un carr� brod� tant�t d'une grue, tant�t un tigre, indique la classe du lettr�; le bonnet sans aillettes se rabat en arri�re comme un bavolet et ses armements sont argent�s. "

L'ornementation de nacre. Les Tonkinoius ont seuls le secret de ces travaux. Non seulement les arts et l'industrie ne recoivent du gouvernement aucune impulsion, mais ils trouvent de sa part que des entraves d�courageantes. Un ouvrier adroit est aussit�t signal� au gouverneur de la province et envoy� d'office � Hu� par le mandarin. On l'installe dans la citadelle et son travail et sa libert� sont devenus choses du roi : autant vaudrait le travail de la prison. Aussi Hu� ne produit absolument rien, en dehors des objets usuels les plus vulgaires.

Deux annamites.
Les lois somptuaires d�fendent le peuple de porter de la soie. Au souverain seul est affect�e la couleur jaune vif (papier, ses gens, ses �l�phants, les drapeaux, les parasols ..). Aux mandarins de haut rang revient le rouge (pantalon, hamacs..). Enfin le bleu est laiss� aux fonctionnaires inf�rieurs.
Les portes du milieu sont exclusivement r�serv�es au passage du souverain; seul aussi il peut chasser dans la province de Hu�. Il n'y a que lui qui puisse avoir des �l�phants priv�s ; Les rites d�fendent �galement, sauf au roi, de faire construire des maisons de deux �tages. On ne doit jamais prononcer ou �crire certains caract�res affect�s au roi. D'autres ne doivent pas �tre employ�s non plus � l'�gard des mandarins, s'ils entrent dans l'orthographe de leur nom...

"Des mandarins nous attendent au d�barcad�re, � l'ombre de leurs grands parasols, entre deux haies de soldats arm�s de lances � drapeaux triangulaires, bariol�s de toutes les couleurs.Le peuple se presse alentour dans une muette curiosit�. Presque toute cette population n'a jamais vu d'Europ�ens, � part les missionnaires."

L'�l�phant de parade, � Hu�.

"Le 9 avril au matin, nous laissons le Duchaffaut, trop grand pour entrer dans la rivi�re de Hu�, et nous faisons route sur l'Antilope, pour la barre de Tuan-an, port de la capitale annamite."
[...]" Nous recevons la visite des mandarins du lieu. Ces visites et toutes les autres pendant la dur�e de l'ambassade ont �t� pr�vues et arr�t�es � l'avance. On sait en effet que, en extr�me Orient, ces usages d'�tiquette sont d'une grande importane; ils occupent � Hu� un minist�re tout sp�cial. Le ministre des rites est le gardien des traditionss, il d�cide sur les cas nouveaux, il fait respecter au roi lui-m�me les usages consacr�s. "

"Un indice bien curieux de la profession de lettr� consiste � pouvoir exhiber des ongles d�mesur�s, surtout � la main gauche ; ces appendices atteignent parfois 25 cm de longueurs; un seul doigt reste priv� de cette excroissance : c'est, dit-on, pour se gratter !"

Soldats annamites.

Le sceau royal de Ming-Mang (1820) (10*10 cm).
M�me s'il peut faire tomber des t�tes d'un mot, le roi n'en demeure pas moins le premier esclave du royaume. Fils du ciel sur la terre, esp�ce de divinit� pour ses sujets, le respect le plus profond acceuille les manifestations du demi-dieu. A chaque d�placement, le vide se fait autour de sa personne, car le regard des habitants souillerait la majest� royale. Comment, dans ces conditions, peut il apprendre la v�rit� sur les choses de son royaume ?
Le roi d'Annam n'est donc qu'une idole, et ses minitres-mandarins peuvent s'opposer aux actes les plus simples.

D�coration du roi de Hu�, en or. Face : "Tu Duc" , Revers : "Pratiquer la vertu, cultiver la concorde", ou une sentence analogue suivant le destinataire.

Les femmes annamites sont trait�es avec douceur ou du moins sur le pied d'�galit� par leur mari.

Costumes de th�atre, � Hu� : chefs guerriers.